Un air de radio nostalgie
Voilà : une fois n'est pas coutume, on commence par une image.
Je l'ai trouvée hier matin en allant chercher ma "presse locale, presse qui fait pas d'mal "
Et que vois-je en Une ?
La salle Paul Eluard telle qu'en elle même, et surtout telle qu'elle fut jeudi dernier pour la grand'messe jumellienne.
Voilà... je vous laisse admirer.
Au premier plan : les élus, enfin, ceux des transepts, pas franchement rapprochés de mon divin messie qui officiait au centre, genre style :
"Prenez et mangez ceci est ma tournée, ceci est ma soirée" .
Mais là, sur la photo, ce sont des élus de seconde zone à la table toud'même, mais loin de l'épicentre.
Et puis au fond : le parterre des citoyens. 800 selon certains syndicats, un petit 200 selon Pandora, elle-même syndiquée mais lucide.
Bin, ça fait pas tant de monde que ça, finalement pour un grand raout municipal. Où sont passées les vraies gens ,ceux sur lesquels on peut compter en toutes circonstances ?
Y'avait quoi à la télé ce soir-là ? "La vie des autres " sur Arte : une ironie du calendrier sans doute...
photo Paris Normandie du 20 novembre 2010
Vous avez remarqué au tout premier rang ? Ce sont les disciples de la première heure qui ont dégoté les meilleures places pour l'occasion.
Rhooooo !
C'qu'ils se tiennent mal !
J'imagine les vertèbres en porte à faux, les nerfs sciatiques prêts à coincer, les cruralgies sur le point d'attaquer.
Bref laissons couler de ma plume à cette occasion deux somptueux alexandrins aux pathologies lombaires dédiés pour cause d'avachissement caractérisé.
"Que de dos malmenés par ce laisser-aller
Ainsi affiché sur les chaises plastifiées !"
Oui, au passage, les chaises en plastique, c'est pas ça ! Faut pas que ça dure trop longtemps les sermons lénifiants parce que la loi de la pesanteur reprend vite ses droits.
Remarquez, là, les camarades du premier rang, ils sont en mode repos, pas très classieux, mais bon, hein, tout le monde ne peut pas avoir la décontraction élégante. C'est un boulot à plein temps, l'élégance désinvolte.
Au moment où a été prise la photo, l'intervenant devait être un p'tit gars proche de Sebjum qui passait de la pommade, parce que tout le monde est décontracté des Méphistos©, et le jarret mollasson, mais moi qui fut présente, ce soir-là, je vous le confie, en alerte toud'même.
Pourquoi, doux jésus, pourquoi, m'arrêté-je sur ces petits détails qui signent une ambiance, à savoir qu'ici tout le monde à l'air de se faire ch....
Non ?
Et là, je vous devine, chers lecteurs, rectifier d'une moue réprobatrice le pandoresque dérapage sémantique : "non ils ne se font pas... enfin, ils ne s'ennuient pas, c'est juste qu'ils écoutent au cas où."
Car oui, ils ont bien écouté ce soir-là, les disciples disciplinés.
Et puis, chaque fois qu' une petite rumeur venait porter ombrage aux accents projumelliens du micro et parasiter les envolées démocratiques en résistance, ils se levaient dans un très bel ensemble, les poings serrés, le regard en mode panoramique, option "Max la menace", prêts à circonscrire les contrevenants.
Non mais des fois !
Donc, là, ils sont attentifs mais relâchés car ça bavache de tout et de rien, ça va dans la bonne direction, et tout le monde se tient tranquille en pilotage automatique ...
Remarquez, j'espère qu'il y a eu apéro après, parce que c'est un sacré boulot que faire cerbère de débat, c'est très physique, mine de rien ! Et la réactivité aux protestations c'est aussi un truc vachement cérébral. Faut pas être monotâche pour ce job !
Bon, y'a peut-être pas eu apéro, finalement, parce qu'à la Ville, y'a plus trop de sous, et comme les sous de la Ville c'est nos sous... Je préfère penser qu'on fait sobre sur la ligne budgétaire des petits afters entre copains.
Vous n'avez pas été sans remarquer, vous qui êtes si affutés que depuis le début de cet article, j'ai laissé échapper quelques fragments d'une métaphore filée, petits bouts parcimonieusement semés à dessein dans ma prose, tels les cailloux blancs du Petit Poucet pour vous mener en douceur là où je vous attends.
"Messie, disciples, prenez et mangez, ceci est ma tournée....." Vous avez pigé ?
Je vous attendais là :
Un messie et des disciples à la table réquisitionnés pour faire un truc médiatique, ça date pas de jeudi dernier !
(Allez, en octosyllabes now !)
"En vérité, je vous le dis,
Il y a eu d'autres jeudis !"
Un show vieux comme le monde ou presque.
Doux jésus toute ressemblance ne saurait être fortuite !
A deux détails près : ici on sent un peu plus d'interactivité entre les attablés. Dans la salle Paul Eluard, c'était plutôt ambiance chape de plomb du côté des élus : on regarde discrètement sa montre en réprimant un baillement, puis on s'occupe comme on peut avec le kit de survie qu'on a disposé là devant soi pour tuer le temps : sa bouteille d'eau, son gobelet plastique et sa petite serviette en papier des fois qu'on baverait en se désaltérant.
Tout ça au nom du concept de durabilité avec lequel on nous a largement bassiné pendant la soirée.
A propos de p'tits bazars à tripoter pour s'occuper pendant que les autres causent parce qu'on s'ennuie ferme, j'ai pas vu notre spécialiste en la matière, la Sabine des saisons.
Prendrait-elle ses distances avec le chaleureux et très familial réseau social de la municipalité ?
Une sorte de crise d'adolescence ?
Peut-être qu'elle n' a tout simplement pas trouvé de magazine à taxer en mairie pour emporter, alors elle s'est dit: "Bah ! tant pis, j'y vais pas de toute façon j'ai rien à dire!" .
Ben non, personne n'avait rien à dire vu qu'on restait dans des généralités infondées mais ça a trainé quand même jusqu'assez tard .
C'est mon gars Boudier qui a ouvert le bal après les propos liminaires du chef. Il a un dada, le Jacquounet : les cantines !
De ce côté-là, c'est déjà pas très brillant la bouffe mais si la Verdoyance s'en mêle, le pire est à craindre.
Normalement, la cantine devrait avoir un rôle d'éducation au goût.
Avec la filière courte des pommes de Bois-Robert, c'est pas gagné. Vous en mangeriez quasiment tous les jours, vous, des pommes insipides ?
On ne sait pas pourquoi, mais les pommes de la cantine sont insipides. C'est un constat qui se vérifie à longueur de semaine.
Ben les mômes, ils n'en mangent pas, évidemment sont pas plus idiots que les adultes ! Ils n'en peuvent plus des pommes, ils en ont ras le bol des pommes !
Vous me direz, d'accord, mais y'a quand même les biscuits bio.
Sauf que chaque biscuit bio est enveloppé dans un sachet de cellophane. Futé, non ? ce concept du bio conditionné sous cellophane ?
Que j'aime ces touchants paradoxes qui nous rappellent si besoin est que l'enfer est pavé de bonnes intentions !
Et des bonnes intentions, il en a le Jacky, pour nous entretenir un p'tit enfer dans le quotidien de ceux qui bossent :
Allez, au hasard de son p'tit bazar:
Les petites exploitations maraîchères de proximité pour fournir les cantines en légumes, et du poissson dieppois, poisson de choix pour les repas scolaires ... avec création d'emplois pour les corvées de pluches et d'ébreuillage ?
On peut toujours le dire, ça mange pas de pain, mais quand on connaît un peu les menus actuels, ça fait franchement rire ! Et ça a dû le faire marrer en douce mon Messie du milieu de la tablée !
Ya ka Faut con !
Bon, j'égratigne la Verdoyance, mais le Jacky, il s'est contenté de lire son p'tit papier, incapable de finir en temps voulu et de conclure, ce qui ne fait pas riche.
Remarquez, ce fut le lot de chaque intervenant mais certains s'en tirèrent mieux , tandis que Sebjum tout content de son rôle inédit s'apercevait que le costard de Monsieur Loyal ne lui allait pas si mal, finalement.
Si vous étiez venus pour du concret, des échéances précises, vous avez dû être déçu, mais c'était prévisible.
Rien que des voeux pieux pour anesthésier le citoyen. A mi-mandat, ça fait pauvre. D'ailleurs, je suis partie un peu avant la fin : marre de cette imposture démocratique planifiée.
Bon, il a bien fallu parler de l'ex- future verrue de la zone Sud, le petit joyau des industries de pointe, j'ai nommé Uralchem.
A ce sujet, il y eut deux grands moments :
Le premier, c'est quand mon omnimaire , sauf à nier la réalité, a bien été obligé de prononcer en public des mots qui ont dû lui faire mal aux tripes et lui écorcher les gencives en nommant l'association "Uralchem ? non merci !"
Le second moment, c'est quand Lulu Lecanu a réaffirmé que les engrais de la firme russe n'étaient pas dangereux et que si les industriels avaient abandonné le projet, c'était à cause de l'hostilité rencontrée.
Et puis, il a cru bon ajouter que des ports voisins étaient très très intéressés par la venue des nitrates !
Ingrats de bobos dieppois qui ont laissé échapper une chance de voir une poubelle nauséabonde s'implanter tout près du centre ville ! Sauf que personne n'en voulait de cette usine les prolos non plus !
Je ne sais pas d'où elle vient cette idée tenace chez nos élus communistes qui veut que les prolos, ils aiment bosser dans la merde, le moche, le malsain, le dangereux. Non, les prolos, ils veulent eux aussi "du pain et des roses ". C'est à dire une qualité de vie et de travail.
Là, avec les déclarations de Lulu, ça a un peu bronché dans la salle, because c'était évidemment rien que les éternels mensonges servis et ressassés depuis plus de deux ans maintenant puisque l'échantillon n'existe toujours pas et que les promesses d'emploi sont toujours aussi fantaisistes. Normal ! puisque c'est du virtuel !
Il n'empêche que le Lulu, il a du mal à survivre à sa poubelle.
On sentait le blues du camarade qui voit son beau passé radieux se faner et partir en eau de boudin dans les poubelles de l'Histoire. C'était pathétique, cette mauvaise foi de has been nostalgique.
Alors, les disciples de Seb' avachis se sont tout à coup levés pour voir si c'était le moment d'en découdre parce que les ruffians anti-uralchem commençaient à protester, mais non !
Ils ont dû se rasseoir un peu frustrés, mais on les avait briefés avant : pas d'esclandre, pas de provocation. On se tient tranquille et on essaie de rester bien élevé.
Et là Lulu, bon prince, leur a promis des jours meilleurs, un petit lot de consolation en quelque sorte.
Voilà le buzz :
Il va leur faire une petite expo sur le projet abandonné avec la maquette de l'usine, et tous les documents et avec nos sous.
Ce sera visible en Mairie.
Quand j'ai entendu ça, tout d'abord, j'y ai pas cru. Je me suis dit : "Ma Pandora, tu as la berlue, décidément cette réunion est trop nulle et tu t'inventes des trucs de dingue pour te remonter le moral", mais non !
Une exposition sur le projet Uralchem alors qu'il appartient au passé, que c'est fini, fallait y penser !
Lulu l'a rêvé, la Ville va le faire.
Nan ?
Si !
Et là, je trouve que le Lulu, il aurait pu se dispenser de me copier.
Parce que, souvenez-vous, c'est moi, Pandora qui ai eu la première l'idée très créative de vous montrer combien Uralchem était glamour... souvenez-vous "Uralglam'" c'est ici.
Enfin, ça va donner du taf aux p'tits employés d'Agora Dieppe©, parce que leur site, c'est toujours aussi creux. Non seulement la réunion publique de jeudi dernier n'est pas inscrite sur celui-ci, mais ils en annoncent une autre le même soir en mairie. Vachement doués...
Vive la comm' !
Chez les zagora, plus il y a d'employés "plus les trucs sont moins bien faits".
Puis, il y eut encore quelques interventions hautes en couleur,
Allez, en vrac :
Celle d'un d'jeun' du PC qui nous a balancé dans la tronche que Dieppe était une ville de vieux... Ben oui, les boulodromes, ça fait pas franchement "je m'inscris dans une dynamique de jeune".
Enfin, personnellement, je me demande comment on peut être jeune ET au PC, vu que les camarades, ils sont pas mal les yeux rivés dans le rétroviseur avec en prime la nostalgie des grands moments : Maurice Thorez, Jacques Duclos, Georges Marchais... les réunions de celloche avec autocritiques et tout et tout... Ah ! Quelle grandiose époque !
Il y a eu une autre intervention surréaliste vu le contexte :
Celle de mon gars Dulière de l'UMP qui a eu des velleités de rétablir le bon casting dans les intervenants, parce que pour lui, ça faisait désordre que ce soit le Hugues Falaize. qui réponde sur la Semad alors que Chris. Cuv', s'était tenu coit sur le sujet. Une très belle intervention, ma foi ! Quel finesse ! Quel sens de l'observation !
Mais comme j'ai eu l'occasion de vous le relater, Monsieur Loyal, c'était pas lui, c'était mon bon curé laïc, supercontent de tenir le rôle et qui le lui a rappelé.
Vous voyez rien que du vachement déterminant pour l'avenir économique dieppois !
Seb' Jum', il était content : il a réussi à tenir toute la soirée sur du néant, à faire causer les gens sur des projets qui ne verront jamais le jour mais pendant ce temps-là, ils oublient que la municipalité aux finances exangues et à la force d'inertie exemplaire n'a encore rien fait d'ambitieux et de constructif dans son mandat.
Les dessous chics et chocs de Pandora
Ce n'est pas un scoop et Seb' Jum' l'a dit : "Uralchem appartient au passé."
Un coup dur pour Lulu Lecanu qui, comme vous avez pu le constater ne s'en remet pas.
Le montage de l'exposition sur le projet abandonné montre à quel point son cas relève de la pathologie clinique.
Le syndrome de la nostalgie dans ses pires aspects.
Cette passion éperdue pour la chimie puiserait-elle ses racines dans les premières expériences enfantines quand le bambin curieux expérimentait sans relâche au risque de..... et voilà le travail !
Heureusement, les ammonitrates c'est pas dangereux !
(comment, ça ? Vous aviez vu autre chose ?)
Allez, boujou
Pandora