Give me tomorrow...
Cette photo, reprise à partir du journal Libération (30/08/08 ) , a été réalisée par David Douglas Duncan.
Son titre : Guerre de Corée, 1950.
Elle est exposée à Perpignan pour le 20ème festival international du photojournalisme, jusqu'au 14 septembre.
Le directeur de cette manifestation, Jean-François Leroy, raconte pour le journal, le contexte de cette prise de photo.
"... C'était à l'aube, il faisait froid. Duncan a demandé à ce marine ce qu'il souhaitait plus que tout à cet instant précis.
Il a répondu : "Give me tomorrow."
Pour moi, cette image illustre parfaitement l'absurdité de la guerre : ce mélange de tristesse et de désespoir, cette humanité, cette incompréhension."
Loin des camions classieux et top nickels pour le recrutement dans les villes.
Loin des interventions de propagande à l'Ecole.
Loin des belles affiches rutilantes et des vidéos séduisantes diffusées auprès des jeunes :
Beaux gosses virils sur fond d'images exotiques, avions de chasse sur ciel bleu fluo et porte-avions sur mer turquoise.
Bleu, forcément bleu le décor de l'aventure !
Ajoutez-y pour compléter la carte postale, l'or d'un désert de "club med" !
Loin des connotations humanitaires... Quand un bidasse prend un enfant par la main, évidemment, ça dégage de l'émotion !
Loin de cette vitrine clinquante et raccoleuse, il y a l'enfer des embuscades : la terre, le désert, le feu de l'ennemi, les hurlements, ... et au final, la mort.
L'armée, ce serait presque glamour ..... s'il n'y avait pas la guerre
Seulement, dix jeunes tués en Afghanistan sont venus rappeler à la fin des vacances, que notre pays était en guerre. On est discrètement en guerre, mais en guerre quand même !
"Six Dieppois s'enrôlent dans l'armée" titraient vendredi dernier, les "Informations Dieppoises."
Froid dans le dos !
Mais, eux les gamins, ils certifient que la mort des jeunes soldats là-bas, a renforcé leur motivation.
Les gamins, ils ont signé ce matin. Je pense à ça, aujourd'hui.
Moi, je suis de la génération où je me souviens très bien des appelés du contingent en Algérie.
Oh ! il ne fallait pas parler de guerre, c'était pour une mission de maintien de l'ordre, "de pacification", on disait alors.
Tiens ! on utilise aussi ces mots-là quand on parle aujourd'hui de l'Afghanistan.
Je me souviens qu'ils n'avaient pas le choix à cette époque et qu'ils partaient pour deux ans.
Qu'au retour, certains ne pouvaient même pas raconter ce qu'ils avaient vu, entendu, fait..... tellement c'était innommable.
Comme dans toutes les guerres.
Je sais, on va me rétorquer, qu'en Afghanistan, il faut contrecarrer le retour des talibans... ce n'est pas si simple.
Je suis aussi de la génération qui a connu un Afghanistan "moderne", et des filles maquillées en minijupe dans les rues de Kaboul, des missions archéologiques auxquelles participaient des copains à moi..., là-bas.
Ce n'est pas si vieux.
Qui a laissé monter l'influence des talibans au moment de l'occupation par l'URSS ?
Qui s'est soucié de Ben Laden, travaillant pour la CIA , recevant de l'argent et un soutien logistique des USA en Afghanistan, avant qu'il ne représente " l'axe du mal" ?
Pendant ce temps, dans un coin ou un autre de la planète, des gamins en enfer pensent , supplient... "give me tomorrow."
Six jeunes dieppois ont signé ce matin pour en être..
Allez, boujou,
Pandora