Coco, ma couille !!!

Publié le par pandora

Comment ça, mon titre est repoussant de vulgarité ?

Ben oui, j'ai écrit  "ma couille", mais cette expression-là, elle fait partie du patrimoine local, et cela n'a rien d'irrespectueux, bien au contraire, c'est un petit signe d'affection. Couille : anagramme de luciole, c'est finalement assez poétique !

Demandez plutôt à Jeannot Baz' qui, après une rouste alors qu'il était élève en 5ème à Delvincourt, s'est vu consolé par un grand en ces termes : "C'est pas grave, ma couille, faut pas pleurer !"

L'anecdote était dans son bouquin "Servir Dieppe". Ah, bon ! vous n'avez pas lu ? Moi, si.

Donc, je suppose que, maintenant, tout va bien et que vous avez digéré le "ma couille" un peu déstabilisant à première vue, je le concède.
Mais, vous n'êtes pas sans ignorer qu'un titre détermine la teneur de tout un article, et c'est spécialement vrai dans celui que je suis en train de vous écrire.

C'est l'autre mot en quatre lettres qui pose problème, et pas qu'un peu !
Coco !

Chut ! surtout ne le prononcez pas malheureux et malheureuses ! Il pourrait vous arriver les pires choses.

Sachez-le : Autant le "ma couille" est bienvenu dans le monde dieppois, autant l'autre mot  est  interdit .


Et je vous imagine vous aussi, tout aussi interdits que le mot. Vous n'êtes pas les premiers.

Depuis quelques jours le coeur de notre ville bat avec la peur au ventre.

J'explique:
Les goëlands qui en d'autres temps volent, piaillent et déchargent volontiers leurs fientes sur les petits lins clairs, ne bougent plus et se tiennent cois.

Les lions Bob et Loulou honteusement exotiques et nouvellement arrivés sur la place Dunant de Neuville se tassent sur leur socle, l'échine en alerte en espérant que l'orage va passer.

Pour la même raison, sur les galets, l'avenante petite cabane du Conseil général "Lire à la plage" a connu un bien curieux moment : 
Au moment de tourner la page 9, la jeune femme de la médiathèque préposée à la lecture de "l'île aux Trésors"  a blémi et a tout à coup suspendu son geste, sa voix, puis a refermé le bouquin d'un coup sec, en nasillant "Circulez, ya plus rien à lire !". 
Avertie, Sandy , troublée, s'est mordu la lèvre inférieure.


A Dieppe Ville d'Art, les conférencières n'osent même plus parler du passé maritime de Dieppe et évitent le Bout du quai, en particulier la rue Béthencourt. Avertie, Vérane, inquiète, a levé un sourcil réprobateur.

A DSN (au caque !) on a revu dans la plus grande fébrilité la programmation cinéma de l'été des fois que des histoires de pirates ne soient portées à l'écran... Averti, Fred , a glissé une main  dans ses cheveux argentés (Ahhhh!) avant de soupirer."  Ouf ! on l'a échappé belle !"
A Florence, Ségolène du Chabichou, victime du syndrome Bétancourt, a confondu avec notre rue Béthencourt bien dieppoise ! Elle s'est  donc  abîmée en prières pour sauver la  rue de l'enfer (faut toujours qu'elle en fasse des tonnes, et à côté de la plaque  en plus ! Vous remarquerez à côté la sobriété de Sandy, qui cependant , est plus concernée )
Et voilà le travail !


Le brasseur d'air de la mairie a éructé, mais n'a cependant pas prononcé le mot fatidique !
Averti, Tatav a levé les yeux par- dessus ses lunettes.

Bref, Dieppe vit des heures délétères .... On ne spécule même plus sur mon identité, c'est dire !


Mais, doux jésus, pourquoi cette intolérable pression, pourquoi ce mot interdit de séjour dans notre cité cependant en résistance  !

Certains auraient vu des plumes voler autour de la Mairie, d'autres, un artiste déambuler en pirate par les rues de la Ville aux saisons pourries. Les rumeurs les plus folles circulent sous le sceau du secret.

Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses, un texte déposé auprès d'un perroquet  dans le hall de la maison commune  aurait été déchiré en mille morceaux, piétiné, ravagé par certains édiles très en colère.
Et quand  les édiles sont en colère, la démocratie directe locale rentre la tête dans les épaules en attendant que l'orage passe.

Que pouvait bien dire ce texte pour être ainsi anéanti ?

Alors voilà, c'est l'histoire d'une municipalité qui se dote d'animations estivales et qui, dans le cadre de celles-ci convie les artistes du coin (on en a de la chance d'avoir des artistes à Dieppe ! ) à exposer dans le hall de sa mairie.
L'un d'entre eux, Marc Dray,  a choisi d'y faire figurer la sculpture d'un sympathique perroquet, puis, pour expliquer aux gens, il s'est fendu de quelques lignes sur son itinéraire d'artiste et pirate accosté à Dieppe.
Oh ! juste sept lignes, et ça finit comme ça:


"Un de mes perroquets a volé jusqu'à l'Hôtel de Ville. Il parle. Dites-lui Coco, pour voir !"  

Et, voilà, vous savez maintenant pourquoi le mot Coco est prohibé sur la place dieppoise.

C'est tout ?

Que n'avait-il pas écrit-là, le pauvre Marc Dray ? Aussitôt, la vindicte municipale lui est tombée dessus : interdiction de laisser son texte à disposition du public ! Rien de moins !

C'est vrai quoi, la municipalité est bien sympa de faire des trucs pour les artistes, mais ils sont priés de rester corrects avec beaucoup de respect et de déférence vis à vis des Grands de la Cité.
Non, mais des fois, et s'ils veulent faire leurs malins, on interdit  un point c'est tout !

Vous trouvez que ça manque de respect, vous ce petit texte ?
Vous trouvez que ça vaut la peine d'être interdit, vous ?

Comment ça s'appelle, déjà quand, sous prétexte que la teneur d'un écrit ne vous revient pas, on le fait interdire . Et on s'en donne le pouvoir ?

Censure ?
Ben oui, mais peut-être vais-je me faire censurer d'avoir écrit que la mairie censurait ?

Souvenez-vous en d'autres temps, (cf : zéro humour, ) je m'étais fait assaisonner par une élue, parce que mes écrits n'avaient pas l'heur de lui plaire. J'avais même craint l'embastillement !  

Bon, je le dis tout net, si Marc Dray risque l'embastillement, je veux bien en être par un effet rétroactif... Parce que être embastillé avec lui ce serait trop bien !

Sauf que !
Sauf qu'il me faudrait planquer mes escarpins Manolo Blanik sous ma paillasse pendant mon sommeil, parce qu'il serait bien capable de me les piquer, de les percer, puis de les embrocher dans des trucs et des machins et enfin visser le tout !
Le Marc, il a beau être artiste , ce sont des Manolo tout de même !

Bon, plus sérieusement, ça fait rigoler d'avoir une mairie aussi chatouilleuse du plumage, du coup, le ramage a du plomb dans l'aile !
Non, mais des fois, de quoi ont-ils peur ?

Première saison, première censure....ben, ça promet ! L'humour ne s'invite toujours pas chez notre majorité follement démocratique.

Les dessous chics et chocs de Pandora
J'ai profité de l'orage avant-hier soir, (et pas en 1992 comme l'indique le camescope de mon copain fifi qui s'est détraqué avec les éclairs) ...et voilà le travail. La dame en blanc (toujours le dress-code ) à la fin, c'est moi ! Si, si... enfin, presque !

Ah ! l'embastillement me guette !
 Allez, boujou
Pandora


Allez, en prime deux petites  photos envoyées par un lecteur : merci !





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H
Chère Pandora<br /> Si je puis me permettre, il faudrait redonner à Manolo son "h" dans Blahnic. Avez-vous craqué pour les escarpins open-toe de la nouvelle collection ? Attention avec vos stilettos aux petits dévers des pavés de la Grand-Rue...<br /> Au plaisir de vous lire<br /> Bien à vous
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P
<br /> <br /> Eh ! bien, j'ai affaire à un connaisseur ! Je suis désolée des petits dévers, comme vous dites,  des pavés de la Grande Rue (celui qui les a conçus n'y connaissait rien en talons aiguilles<br /> et devait marcher en Kikeurssses). Un coup à finir en tongs, c'est de saison.  Mais, je suis Pandora et, chez moi la vulgaire tong est prohibée, donc avec des talons, certes.. mais pas<br /> forcément dans la Grande Rue. Ah ! je vais me trahir ?<br />  Amicalement Pandora<br /> <br /> <br /> <br />
D
Ah, Marie-Ségolène priant ! Ce que je respecte, bien que cela me paraisse totalement irraisonnable au sens premier du terme. Que pouvait-elle invoquer ? et à qui s'adressait-elle ? <br /> "Faites que je sois la candidate du PS aux prochaines présidentielles ?" Et surtout :"Faites que les électeurs soient assez gogos pour voter pour moi" ?"Faites que je sois 1ère secrétaire du PS" ? Faites que les Farc me séquestrent pendant 6 ans" ?<br /> Allez savoir...<br /> Bien à vous
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P
<br /> <br /> Ce que j'aime dans cette caricature, c'est qu'elle n'épargne rien du caractère de la dame et cela transcende le physique photogéniquement correct (et appliqué à l'être) de celle-ci. Amicalement,<br /> Pandora<br /> <br /> <br /> <br />
E
Chère Pandora<br /> Je comptais justement me lancer dans la lecture du "Perroquet de Flaubert" de J. Barnes. N'est-ce point risqué ?<br /> Sinon je me plongerai dans le roman de Bernard Schlink : "La mort de Selb".<br /> Au plaisir de vous lire
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P
<br /> <br /> Allez, il faut vivre dangereusement ! Je vous conseille le perroquet de Flaubert de Barnes. Dans son bouquin il évoque la rôtisserie Leroux dans la Grande Rue dont l'enseigne, une véritable<br /> hure de sanglier, fit les beaux jours des vitrines dieppoises, et l'inquiétude  des enfants passant devant !<br /> Amicalement, Pandora<br /> <br /> <br /> <br />