La guerre des banderoles

Publié le 1 juin 2010 par pandora

Ben dites donc, ça ne devient pas drôle d'assister à un conseil municipal !

Autrefois, c'est à dire avant Uralchem, je pouvais tranquillement glisser mes désormais légendaires Louboutin sur le parquet un peu daté de la salle des conseils.

Je pouvais choisir la chaise tendue de bleu qui aurait le privilège de m'accueillir afin que j'y croise nonchalemment mes longues jambes gainées de bas irisés, et j'avais tout le loisir de rêver en écoutant le velours ronronnant de Seb', là, tout contre le miroir, pour vérifier de temps à autre ma tenue, mes petits raccords de maquillage, la cambrure de mon pied sans que personne ne vienne me déranger dans ces très vitales préoccupations. Vitales, parce que vu la médiocrité ambiante, il fallait quelquefois trouver de quoi se remonter le moral avec ses ressources personnelles.... et j'en ai !

Parce que bien sûr, quand le programme télé était trop moche, qu'on ne savait pas comment occuper sa soirée, il y avait toujours deux ou trois travées de supporters accrochés là comme au bistrot, éructant des noms d'oiseaux à l'adresse de l'opposition, pour apporter un bouffée d'ambiance populaire.

Mais là, maintenant, il y a du monde, de l'action, ça éructe toujours, mais ce qui est nouveau c'est que ça se bouscule.

Ben oui, désormais, il faut faire avec les anti Uralchem !

Jeudi dernier je fis un bien singulier constat : le ton a monté dans la salle.

C'est que la guerre des banderoles est déclarée entre les anti et les pro poubelle. Z'ont pas trouvé mieux les propoubelles de Seb' Jum, que de reconvertir un vieux drap en panneau publicitaire.

Imaginez un très grand bout de loque, et deux manches à balai. Imaginez le Seb' Jum dans ses déclarations liminaires, puis tout à coup, v'là les supporters qui hissent la grand voile pour interdire la vue au pékin qui se trouvait derrière eux, ces salauds de bobos anti Uralchem, en l'occurence !

Une érection un peu mollassonne, vu le tomber du drap, mais érection quand même.

Remous d'indignation dans l'arrière- banc que le préposé à la discipline fait vite taire.

Les drôles de dames et leur bande avaient apporté les panneaux à brandir et ça brandissait aussi sur ce terrain-là.

On a bien vu : il aime pas trop ledit préposé que les p'tites pancartes des drôles de dames, elles viennent empiéter sur le bout de loque des supporters.

Il les a fait déplacer.

Rayon banderoles, le cerbère, il a comme qui dirait des préférences dans les formats et les slogans.

C'est qu'il a fallu protester pour qu'enfin il fasse rentrer la loque dans le rang ! Par souci d'équité, non, mais !

Enfin, au-delà de tout ça, il y avait quand même les échanges entre élus qui continuaient.

Et ça, c'était pas triste non plus.

Ça a commencé très fort avec une histoire de ... banderole aussi,

Vous savez, celle qui trône sur la façade de la Mairie.

C'est mon gars Hoornaert qui a déclenché les hostilités avec un ultimatum d'enfer : "Si vous retirez pas la pancarte, on se casse du conseil !"

Impressionnant ! Et vachement efficace comme tactique !

Comme si... comme si ça lui faisait des frissons dans le dos au Seb', que les Centreux tirent leur révérence .

Evidemment, le Seb' il a dit qu'il n'était pas question de se priver du panneau.

Et Zou ! Ce qui devait arriver arriva : les deux délinquants ont rangé gommes et crayons dans le plumier, et, l'air digne, le regard haut et clair, ils se sont éclipsés devant le fan club de Seb' Jum, qui à ce moment c'est fendu de remarques des plus raffinées... je vous laisse imaginer, on les refera pas !

Mon Seb' tout seul leur a quand même souhaité une "bonne soirée" histoire de montrer à l'assemblée combien il savait être ironique à peu de frais. Mais là c'est pas un scoop.

Moi, je trouve qu'il l'a pas joué collectif sur ce coup-là !

A la place de mon omnimaire, j'aurais proposé un vote. Forcément les Centreux auraient été mis en minorité et au moins ça aurait fait plus Grand Seigneur.

L'aurait dû demander au Prince Jean pendant qu'il était dans la ville en résistance, des cours pour faire bien le Roi comme il faut, le panache et tout. Il a parfois des restes de roture, not' bon maire.

Bon, ceci dit, moi c' t'affiche, elle ne me gêne pas. A partir du moment où on a inscrit Liberté Egalité Fraternité, c'est vrai que la retraite à soixante balais, ça va avec dans la logique.

Celui qui veut continuer, il continue, mais soixante ans, c'est encore le bel âge pour profiter de sa p'tite pension, surtout quand on a bossé depuis son adolescence.

On a pas tous des émoluments d'élus cumulards !

D'ailleurs , je me demande pourquoi ceux qui votent les lois, ils sont aussi privilégiés en "activité" (oh ! que ce mot est indécent dans ce cas ! ) et en retraite. Ce sont toujours les classes modestes et moyennes qui casquent.

Sont gentils les pauvres, trop gentils avec ceux qui gagnent du blé à ne plus savoir qu'en faire : stars, footeux, politiques : tous dans le même panier ! Comment j'te réduirais les salaires et les pensions de tout ce beau linge !

Mais les vraies gens, ils sont fichus sur ce coup-là parce que si les stars n'existaient pas,ils s'emmerderaient grave. Ils les regardent à la télé, c'est pas qu'ils aiment, mais bon, ça fait passer le temps...

Même le FrédéEloy il a succombé à l'attrait du star system lors de sa divine rencontre avec le royal héritier. Au Conseil, il a affirmé dans une belle envolée citoyenne qu'à Dieppe "on accueille les princes et on ne coupe plus les têtes."

Pourvu qu'il ne nous reclaque pas sa fête médiévale le jour du 14 juillet dans un de ses élans culturels inédits !

Après la Nouvelle Star, un peu de sang bleu en visite, ça peut pas faire de mal. D'autant que le bleu va être furieusement tendance l'hiver prochain, et puis avec la coupe du monde qui déboule, on va en déguster du bleu dans les yeux !

Et ,vous verrez, y'aura plus personne pour penser à la réforme des retraites quand elle va commencer, cette populaire festivité.

Avec l'aide des dirigeants syndicaux qui vont rien faire de trop côté revendications (juste le minimum même pas syndical !), vous verrez comment on va se faire blouser en septembre.

Mais, je m'écarte dans des considérations sociales qui dépassent ma ville, alors que je ne vous ai pas parlé du Jeannot Baz' qui, privé de son p'tit camarade de centre est parti dans une diatribe échevelée.

C'est un affectif, le Jeannot !

Il s'est emporté et il a charrié pêle-mêle dans son discours les quatre cents ans de Duquesne, Uralchem, et puis les médailles de Gérard Martine. J'vous demande un peu !

Qui trop embrasse mal étreint mon gars Jeannot !

Sérieux ! ça ressemblait plus à rien ton truc. Le Seb', il a répondu à ce à quoi il avait envie de répondre, te renvoyant dans les cordes.

Avec une droiture aussi mal-à-droite not omnimaire peut dormir sur ses deux oreilles !

Moi, je trouve que ça manque furieusement de déconnade tout ça !

L'humour est la politesse du désespoir! ça c'est ma pandoresque règle.

Le Jeannot donnerait plus dans la dérision du Seb, et doux jésus ! il y a de quoi faire! Au moins on se marrerait plus au Conseil !

Heureusement, une nouvelle m'a amusée aujourd'hui, dans le magma d'imbécilités politiques.

J'aime bien l'Islande à cause de Björk, et de l'impertinent volcan qui fume toujours, mais dont on n'entend plus parler. Faut croire que la fumée a su s'arrêter à nos frontières.

Figurez-vous que le parti qui a remporté la majorité aux élections municipales de Reyjawik (la capitale de ce beau pays), a été initié sur Youtube par une parodie de chanson de Tina Turner, et mené par un célèbre comique national : Jon Gnarr.

Au programme des choses insensées pour rire un peu mais surtout une petite couleur écolo, et un massacre en règle des banquiers qui ont conduit la pays à la faillite.

Juste un peu plus coupeurs de têtes qu'à Dieppe !

Et ils ont gagné : ils devancent tous les autres partis ! 34% et des bananes avec un taux de 83% de votants... ça a un peu plus de gueule que les scores lors de nos Régionales vu l'abstention !

Moi, je vous propose un début de programme électoral bien d'chez nous sous la forme d'une vidéo qui avait fait les beaux jours d'un de mes premiers articles et que j'avais volé chez un voisin de blog.