L'exception culturelle dieppoise : épisode 2
Décidément : tout fout le camp dans la Culture !
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! Comme dirait mon gars Phonphonse !
Ne souriez pas ! C'est vrai cette histoire, j'en fis l'expérience dernièrement et je m'en vais vous narrer tout par le menu.
Prenez les festivités châtelaines dieppoises
Autrefois, dans les petits raouts culturels du musée, y'avait le président Duteurtre qui inmanquablement causait pour la foule. Forcément, c'était le président des Amys du vieux Dieppe. Maintenant, il ne cause plus : il est remplacé.
Et c'est là que l'on mesure combien c'était un séducteur du verbe, un artiste de la harangue, un finaud de l'euphémisme ce gars-là, et tout ça nous manque !
De temps en temps même, il faisait carrément du Pandora, avec un petit sourire en coin qui me ravissait.
Donc stupeur et tremblement ! ça n'est plus lui qui nous parle..
Et ça change tout.
Avant, on attendait avec délice ses discours d'inauguration d'expo. On savait que ça allait être fin, intelligent, drôle, inattendu, décalé.
On n'était jamais déçu, on se marrait chaque fois, il savait y faire mon Président. des Amys du vieux Dieppe ou des Vieux Amys de Dieppe, je sais jamais, vu la moyenne d'âge ! Enfin, y'a pas d'âge pour être amy, hein !
Mais voilà, il a laissé la place à la p'tite dame qui, puisqu'elle a succédé à cette présidence a reçu au château le roi appelé à régner, flanquée du ministre des affaires festives et populaires dieppoises.
Vous vous souvenez, j'en avais fait un article tellement ça m'avait amusée.
Bon, là, c'est nettement moins marrant ! Je vous dis pourquoi :
Figurez vous que par un bel après midi de la fin du mois de juin, je m'en allai chaussée de mes Manolo Blahnik recouverts de satin safran, ce qui est, je vous l'accorde scabreux vu les pavés chaotiques et néanmoins historiques des cours du château. Mais safran, quand même !
Parce que, vous me connaissez, quand il y a du beau linge, faut assurer itout côté beau linge, et je revêtis pour l'occasion un petit ensemble de shantung bleu Klein tirant sur la tendance nymphéas pour être raccord avec le thème de la petite sauterie.
Escarpins safran et shantung bleu Klein... impressionnistement irréprochable !
C'était rapport au vernissage d'une expo et puisque j'avais reçu le carton d'invit', je me suis dit allons-y :
"Camille, Jacques-Emile, Eva et les autres... " . C'était le titre.
Personnellement, je trouve que ça fait genre style film de Sautet. Un peu plus, et on aurait vu Reggiani et Montand arriver en bande.... mais non, c'était pas le moment. Dommage !
C'était dans le package "Normandie Impressionniste" traduisez donc qu'il y avait une densité de gratin politique inversement proportionnelle à la pertinence des propos pompeux et poussifs que la brochette a déclamés ce jour-là.
Remarquez au passage la poncive allitération que je m'octroie sans vergogne pour traduire l'ambiance "comices agricoles" qui pesait sur les terrasses.
Bref, de remerciements en autocongratulations, et renvoi de remerciements, rien de bien bouleversant, vu que ces gens-là n'ont rien à dire en Art. Z'y connaissent que dalle. Remarquez, on peut pas tout conjuguer : manier la langue de bois politique, ses redondances et son vocabulaire indigent, ça n'aiguise pas spécialement à la finesse et aux nuances du langage esthétique...
Et puis, hein ? chacun sa boutique ...
Mais, bon, comme y'avait la p'tite dame qui fait la présidente des Vieux Amys de Dieppe, je me suis dit, on va peut-être entendre des choses plaisantes, inédites, des interrogations, des pistes affutées sur les rapins dieppois qui se retrouvaient pour les besoins de la cause, collés au mur du musée comme une exposition des travaux scolaires de copaind'avant : Camille, Jacques-Emile,Eva et les autres...
Eh bien que nenni !!!
Elle devait être troublée, la p'tite dame parce que tout ce gratin prestigieux, ça la faisait beaucoup se marrer entre ses phrases. Moi, j'ai retenu qu'elle se marrait beaucoup, je sais pas vraiment pourquoi .
Je cherche... c'était toud' même pas le Friday wear du Fermier Général qui l'a mise dans cet état d'hilarité ?
Et puis, je sais pas moi, à sa place, j'aurais parlé de peinture, de couleurs, j'aurais titillé les rivalités entre la Berthe (Morissot) et la Eva (Gonzales) pour plaire au gars Manet, j'aurais évoqué le refuge dieppois des artistes pour se mettre à l'abri de la vie parisienne en 1871 quand les insurgés de la Commune de Paris prenaient le pouvoir, j'aurais convoqué mon gars Chevreul dont je vous ai déjà parlé et ses théories sur les couleurs complémentaires, j'aurais expliqué pourquoi le Maupassant, il n'a pas mesuré l'impact de l'Impressionnisme alors que le Zola, il a tout capté...
Il y avait tant de choses à dire que j'ai pas compris pourquoi elle avait préféré, toujours en rigolant, faire la promo des gadgets de la boutique du musée édités à cette occasion, même qu'elle s'est fendue d'un pack offert aux huiles.
Ça avait un p'tit côté distribution de produits du terroir au péage de l'autoroute, qui vous ramenait fissa à la réalité de la ville.
L'exception culturelle dieppoise ?
Quand même, on m'aurait demandé à moi, je l'aurais un peu mieux chiadé le discours ! Savent pas utiliser les forces vives dans la ville en résistance !
Quant au conservateur, c'est net, il n'a pas eu le droit d'en placer une, malgré ses fonctions "curatives".
Mon divin édile l'a prévenu dans le genre :
"Camarade curator, écoute, c'est vachement politique ce truc-là demain au musée. Pour une fois, c'est du sérieux, ça batifole pas, y'a vachement de blé derrière tout ça. Avec le Ministre d'avant, le Fermier Général, et puis et surtout Moi l'omnimaire, compte pas causer dans le micro, mon gars ! On joue pas dans la même cour, t'auras pas la place !
T'es que le taulier du musée, non mais ! "
Dommage, il aurait peut-être eu des trucs éclairés à dire, le professionnel ... Mais apparemment tout le monde s'en foutait.
Tant qu'il y a un coup à boire, que demander de plus ?
Mon gars curator, il a rempoché son discours tout bien préparé, et il l'a rangé avec ses travaux sur l'anniversaire de Duquesne qui n'ont servi à rien puisque de commémoration il n'y a pas eu !
Ça fait finalement un sacré paquet d'écritures et de recherches pour rien !
Mais tout le monde s'en fout... encore... l'important c'est que les huiles aient eu leurs petits cadeaux "musée de Dieppe".
Et puis, tout ça, c'est pas grave comparé au constat d'une crise culturelle bien plus aigüe qui sévit sur la ville aux quatre ports en résistance :
Comment, vous ne savez pas ?
Les machines à sous du casinos ne rapportent plus autant qu'avant, même que ça fait un manque à gagner certain, (si, si, c'est Marie Cath qui l'a regretté en conseil municipal ! )
¨Pour y remédier, les 13 et 14 juillet, on subit une envahissante animation estivale "Spécial Française des Jeux", histoire que le bon peuple entretienne sa fibre "jeux de hasard" ! Allez ! Roulez jeunesse !
Exception culturelle dieppoise ?
Les dessous chics et chocs de Pandora :
Les mauvaises langues resteront sur leur faim !
En voici la preuve.
Il n'est pas rare d'entendre murmurer que les services municipaux sont en crise et connaissent une fuite des cerveaux.
Moi-même, je le confesse ai succombé à la tentation dans mon dernier article.
Il n'en n'est rien et moi, Pandora, me devais de rétablir la vérité !
Tout va très bien, c'est juste une question de management dont le simple pékin de base ne peut comprendre les subtilités.
"Finalement , nous confie un proche de Seb' Jum', le turn over maitrisé et régulé a du bon ! C'est une stratégie de pointe !
Les forces vives régénèrent la ville et l'irriguent de son sang neuf ! C'est le concept du souffle nouveau !
Un de parti, dix de retrouvés !"
Car contrairement à ce que disent les mauvaises langues qui persiflent que chez les fonctionnaires territoriaux de Dieppe, on fait comme chez Sarko,
On remplace pas les départs !
Je m'insurge un brin ! C'est faux !
On innove même !
En voici la preuve irréfutable :
Dieppe n'avait pas de Directeur des Services Culturels, eh ! bien désormais la ville s'enorgueillit d'un expert en ce domaine,
Le voici en exclusivité :
Si, si, il existe, Pandora l'a rencontré en loucedé. C'est un ancien D.J. du Baron qui a obtenu son diplôme de reconversion en exception culturelle. Il se nomme M.C. Nanar.
Rien que pour moi, et donc pour vous, chers lecteurs, il m'a donné en toute intimité (RRrrrhââââ, lovely !) et simplicité, une petite leçon d'analyse de l'image pour prouver combien le port de Dieppe était tourné vers le futur.
En fait, ça transpirait ! (pas le gars, les références stockées sur l'affiche !)
En effet, sur l'affiche de la fête du port de commerce, m'a-t-il confié, deux symboles forts cohabitent :
La Banane qui a fait la renommée de Dieppe et ce n'est pas fini, car le retour de la même Banane n'est pas exclu dans des temps futurs ! ( Vingt z'emplois seraient à la clé de cette relance ! )
Mâtin quelle banane !
Et puis, sur la même affiche, le bateau battant pavillon russe qui va faire la renommée mondiale de notre port avec l'intense trafic d'engrais azotés qui ne manquera pas d'alimenter notre bonne ville ! (Vingt z'emplois aussi pour faire tourner la poubelle ! ndlr)
Enfin, cette devise : "Ce sont nos vies qui font la ville !"
Où vont-ils chercher tout ça ?
Chapeau, les artistes !
Allez, boujou,
(comme dirait madame la Directrice Générale des Services sur le départ de la mairie en me plagiant un chouillat, mais finalement, j'ai apprécié le clin d'oeil ! )
Pandora